« Le Thort est une ville si ancienne qu’on n’en sçait point l’origine, car elle estoit fondée avant l’empire et le règne de Charlemagne »
François de Brugeron, chargé de l’inventaire de la Seigneurie, 1696
Une cité comtadine millénaire
Trois événements répertoriés soulignent l’ancienneté de la communauté du Thor. :
- La concession des terres marécageuses du Trentain, vers l’an 750,
- Charlemagne, mort en 814, à l’origine de la construction de l’église Notre dame du Lac,
- La concession du canal des Coudoulières, pour arroser les terres de l’église du Thor, par Roubaud, Comte de Provence, en 1001.
Une légende fondatrice
« la tradition de père en fils, nous apprend que ce grand et dévot empereur (Charlemagne) ayant été informé d’un miracle arrivé au Thor, à l’abreuvoir de la sorgue, auquel un taureau s’était mis plusieurs fois à genoux ce qui avait donné lieu à la découverte d’une statue en pierre représentant la sainte vierge, il fit aussi tost bâtir au mesme endroit une grande et superbe église à deux voûtes… » (Histoire de la ville et de la baronnie du Thor, A.Rousset)
« Taurum Stella Ducit », « l’Etoile guide le taureau », telle est l’origine de la devise du blason du Thor
Un nom d’origine incertaine
Le nom s’est écrit Torum (1029) – Castrum de Toro (1125) – Thori (1161) – In Castro de Thoro (1171) – Toro (1253) – Thorum (1309) – Thort (1696).
Selon l’historien Robert Bailly le mot Thor ou Tor désigne un tertre dominant une étendue d’eau, mais il est bon de rappeler l’hypothèse rapportée par A. Rousset d’après une légende, qui dit l’existence là d’élevages de taureaux conduits à la Sorgue, sur l’emplacement de ND du Lac et que l’un d’eux, grattant le sol du sabot, y découvrit une vierge noire.
Ce thème de la découverte d’une statue de la Vierge dans une courbe (torus) du lit (thorus) de la sorgue, par un taureau (taurus) a dû subir une mutation séculaire, si bien que le lit (thorus) de la Sorgue et le lieu du contour (torus) se sont peu à peu confondus dans le pays du taureau (taurus). De là le nom de village et le blason utilisé.
On note par ailleurs que le terme Tor très souvent employé en toponymie régionale aux XIIème et XIIIème siècles, l’est toujours pour désigner des emplacements près des marécages ou rives. Les quartiers ou villages désignés sous les noms de Tor, Thor, Thort, sont tous installés en borure de fleuve, étang, marais et toujours aussi sur une sorte de petite terrasse ou repli dominant un cours d’eau.
On peut donc en déduire, dixit R. Bailly, que Tor dérive du latin Torus pris dans le sens de bord de fleuve ou de rivière.
Un port sur la Sorgue
Au XIème siècle, certains textes évoquent un »Port sur la sorgue » : sans doute le Thor qui deviendra au cours des XIIème et XIIIème siècle, une cité commerçante. .A partir du XIVème siècle, suite à l’asséchement des marécages du nord (Trentain, Méjean, Réal des dominicains), le Thor devient une cité agricole. Le fief du Thor changera plusieurs fois de propriétaire. La cité sera administrée par des syndics puis par des consuls et saura négocier habilement des droits divers pour se dégager du pouvoir féodal. Au XVIIème siècle, le Thor abrite environ 1000 habitants, puis 2500 au XVIIIème, entre 3000 et 3500 au XIXème siècle.
L’aventure industrielle
Avec la révolution industrielle, agriculture et industrie se conjuguent. Les terres marécageuses accueillent les cultures de garance tandis que les moulins et fabriques situés sur les bords de la Sorgue en transforment les racines en un pigment rouge qui colorera les pantalons de l’armée française. A la fin du 19ème siècle, l’alizarine signe la mort de la garance ; sur la Sorgue, les roues des moulins se reconvertissent alors au fil du temps, de la plâtrerie à la papeterie, de la tannerie à la scierie…
Quant à la viticulture, elle souffre des ravages du phylloxéra. Grâce à l’inventivité d’un Thorois, le Docteur Seigle, le parasite est combattu efficacement. Du début du siècle aux années 30, le Thor devient le marché mondial du chasselas…
Le Thor dans les conflits
La Grande Guerre 1914-1918
Réalisé par Félix Devaux, né lui-même au Thor et inauguré en 1921, année de sa mort, le Monument aux Morts témoigne du lourd tribut de la commune au cours de « la grande guerre ». Le gisant a son pied est un portrait d’un enfant du pays, Pierre Seignour, mort à 20 ans au Bois des Caures dans la Meuse en 1916.
Une autre plaque, apposée sur le monument, raconte, quant à elle en une phrase la tragédie de ce conflit : « à la mémoire des 4 frères Linsolas, morts pour la France 1915 – 1916 »
La 1ère année, en 2 mois, notre commune perd 20 jeunes hommes. Ils seront 25 à la fin 1914. Cent ans plus tard, leur nom sera rappelé, lors de la première cérémonie de l’Appel des Morts, mise en place pour leur rendre honneur, le 1er novembre 2014 !
La seconde guerre mondiale 1939 – 1945
Effective dès novembre 1942, l’occupation allemande marque l’histoire de la commune. Les unités de la division alpine Pusteria, remplacée en février 1943 par celles de la Luftwaffe avec compagnie d’infanterie de l’air et unité de transport amenentréquisitions et expulsions de terres pour la construction d’ un terrain d’aviation. En représailles, interviendront deux bombardements alliés, les 15 janvier et 18 août 1944 ainsi que de nombreux sabotages de la part de la Résistance qui comptait dans ses rangs notamment Alfonse Begou, alias capitaine Balkan, et Jean Garcin, alias commandant Bayard ; à la tête des Groupes francs de Vaucluse, ce dernier reçut mission, fin décembre 41, de protéger l’atterrissage de Jean Moulin, qui devait être parachuté dans les Alpilles au cours de la nuit du 1er janvier 1942.
Le 25 août 1944, suite au débarquement en Provence, la 3ème division d’infanterie de l’Armée Américaine libére Le Thor. 70 ans plus tard, le conseil municipal, en présence de Madame le Consul des Etats-Unis à Marseille et des officiers de la 3D Infantry Division, pose une plaque commémorative, tandis qu’une reconstitution festive réunit les Thorois reconnaissants.
L’histoire continue
L’histoire ne s’arrête pas là ; toujours présente dans le cœur et la mémoire des Thorois, elle est vivante dans les réalisations actuelles et anime encore les projets de demain. Dans la grande chaîne de l’humanité en marche, le Thor continue d’imprimer son empreinte.